15.06.2023

Et si les élections n´avaient pas lieu en décembre 2023

Il s’agit d’une hypothèse  dans l’air … d’autant plus que la machine électorale semble, mal que vaille, faire son bout de chemin et tout semble se converger vers les élections en décembre 2023. Elections qui sont pour les uns chaotiques et non inclusives et pour les autres libres et transparentes. Pour ajouter sa partiture à ce psychodrame, l´ancien Président de la République, Joseph Kabila, est sorti de son silence et a fait entendre sa voix par le biais de certains canaux interposés: les élections n´auront pas lieu! 

Oui, au Congo-Kinshasa, les choses ne se déroulent généralement pas comme prévu !

À la crise sécuritaire récurrente dans l’Est du pays depuis des décennies s’ajoute une autre crise sécuritaire dans l’Ouest, à quelques encablures de la capitale Kinshasa, crise que le gouvernement central n’arrive pas à contrôler. Il s’agit du phénomène mystique appelé „Mobondo“, issu du „cœur des ténèbres“, phénomène au sein duquel des jeunes alcoolisés et drogués, munis de lances et de flèches et convaincus d’être inaccessibles et invincibles face aux armes à feu, aux balles, se sont transformés en groupe d'“autodéfense“ contre les „étrangers“ sur leurs terres ancestrales. Et que dire de la capitale où une milice d’un des partis au pouvoir, « les forces du progrès » pouar ne pas la citer, fait régner la terreur sous les yeux de la police impuissante.

C’est dans ce contexte tendu que le régime en place décide de serrer la vis et d’augmenter la pression autoritaire en utilisant des techniques d’intimidation, d’arrestation et de preuves cousues de fil blanc. La répression disproportionnée, violente et choquante exercée par certains policiers envers les citoyens, y compris les enfants, lors des manifestations ne présage rien de bon et permet même aux anciens bourreaux sécuritaires de faire entendre leur voix aujourd’hui.

Ironie de l’Histoire…

À moins que cela ne soit une monnaie d’échange pour de futures mesures de „décrispation“ que la classe politique congolaise adoptera lors des négociations sur le partage du pouvoir, comme c’est souvent le cas.

Paradoxalement, cette répression assumée et décomplexée étonne alors que la RD Congo se devrait d’ouvrir grandement ses portes, de montrer son plus beau côté au moment où les caméras du monde entier s’apprêtent à se braquer sur elle lors de la 9e édition des Jeux de la Francophonie qui auront lieu, dans la capitale congolaise, du 28 juillet au 6 août 2023.

Pendant ce temps,  la rébellion du M23, soutenue par les gouvernements rwandais et ougandais, est toujours présente à Bunagana, une petite localité commerciale à la frontière ougandaise qu’elle occupe ainsi qu’une grande partie de la province du Nord-Kivu, exactement depuis un an (13 juin 2022 – 13 juin 2023), avec son lot habituel de meurtres, de harcèlement et de viols – dans une relative indifférence internationale, allais-je ajouter. Le terme „non-assistance à peuple en danger“ serait approprié.

On est en droit de se demander s’il vaut mieux le début d’une chose que sa fin.

Wait and see…

Guy K.