L’éternel recommencement dans un pays qui fâche…

La politique étant, par définition, un rapport de force entre la majorité et la minorité, le président de la République Démocratique du Congo-Kinshasa, Felix Tshilombo, semblait, dans un régime semi-parlementaire, avoir, dans un premier temps, mains et poings liés avec peu de manœuvres. Son partenaire de l’époque, le Front commun pour le Congo (FCC), groupement de l’ex-Président, vainqueur des élections parlementaires de 2018, n’avait cessé de lui mettre des embuches, de le pousser à la faute. Ce que beaucoup d’observateurs ont admiré et, de ce fait, ont eu pitié de lui à cause des coups qu’il encaissait tel un boxeur sur le ring.

Mais, voilà que vint une » constellation des planètes« inespérée qui renversa la donne. Le Président de la Cour constitutionnelle, malade, vendît la mèche de la pression du FCC pour un projet de destitution, le ministre de la Justice s’empêtra et a dû démissionner, laissant le flanc judiciaire « libéré » du FCC et permettant au président de s’y engouffrer. Le reste est une histoire de débauchage, de retournement de veste, de pression et de sous (billets verts). Un éternel recommencement dans un pays qui fâche.

En vue d’avoir toutes les cartes en sa faveur pour la future élection présidentielle, il eut le réflexe de tout boutiquer avec orgueil et insolence comme savaient si bien le faire les présidents-fondateurs, les timoniers, les guides, bref, des hommes forts, symboles d’une époque que l’on croyait, à tout jamais, révolue.

Cette victoire à la Pyrrhus, applaudie des deux mains par des fanatiques, me fait penser à l’histoire de l’Empereur romain, Caligula, qui, au summum de son règne, avait voulu un jour nommer son cheval favori, Incitatus, Consul. Il sera assassiné peu de temps après par sa garde prétorienne, lassée de sa folie et de ses multiples humiliations.

Certes, toutes les Congolaises et tous les Congolais ne vont pas descendre dans la rue et l’émoi actuelle n’aboutira pas à une tempête salvatrice parce qu’un futur dialogue aura lieu à la veille des élections ou un soi-disant opposant sera débauché et une autre transition sera mise en place pour partager « le gâteau ». À moins qu’un groupe d’hommes en uniforme, au nom d’un probable « salut du peuple», décide de mettre un terme à cette récréation et mette les politiciens hors d’état de nuire.

Oui, vraiment, l’histoire est un éternel recommencement…

Guy K.